16 avril 2014

On y vient : trois navires de guerre français ont pénétré en mer Noire...

Mers el Kebir

Nous reprenons ici le communiqué publié hier par l’Action des citoyens pour le désarmement nucléaire (ACDN). Si nous partageons pas forcément l’ensemble des objectifs de cette association, elle a le mérite d’attirer notre attention sur une vérité bien occultée par les grands médias.

Tandis que les États-Unis et d’autres alliés de l’OTAN déploient leurs navires en Méditerranée orientale dans le cadre de l’opération « Active Endeavor » (Effort actif), la Russie déploie ou rapatrie certains des siens en mer Noire. La Turquie, quant à elle, y poursuit des manœuvres navales impliquant sept frégates, une corvette, deux sous-marins et quelques autres navires.

La France n’est pas en reste. Elle ne se contente pas de participer à Active Endeavor, elle pousse ses pions vers les côtes d’Ukraine et de Russie. Trois navires : deux de plus que les États-Unis.

Comme du temps de Napoléon III

Les Français l’ignorent, mais depuis une quinzaine de jours, la marine de guerre française se manifeste activement en Mer Noire. Selon plusieurs sources (turques, russes, ukrainiennes, roumaine...), dont le site turc Bosphorus Naval News de Cem Devrim Yaylal, qui relève systématiquement les passages de navires de guerre à travers le Bosphore.

Fin mars (le 26 ou le 28 selon les sources), la frégate Alizé, « bâtiment de soutien de plongée », y pénètre pour participer officiellement à un exercice naval conjoint au large de Varna (Bulgarie).

L’Alizé est un bâtiment de 60 mètres de long et 1500 tonnes. Avec un équipage de 18 hommes, il peut embarquer jusqu’à 230 passagers. Il est équipé pour assurer toutes sortes de missions de plongée, dont le renseignement à l’étranger et le support de plongeurs de combat. On ignore où est la frégate actuellement, mais on ne l’a pas vue ressortir de Mer Noire et le Courrier de Russie vient d’affirmer qu’elle y est encore.


Le 10 avril, dans le sillage du destroyer américain USS Donald Cook, le navire de renseignement Dupuy de Lôme franchit les Dardanelles et pénètre à son tour en Mer Noire.

Au même moment, le Bâtiment de Commandement et de Ravitaillement BCR Var (A608), pétrolier ravitailleur de la classe Durance, fait escale à Marmaris (Sud-Ouest de la Turquie, Méditerranée orientale). Outre sa mission de soutien logistique aux autres navires, le Var peut embarquer un état major amiral de 70 personnes.

Et de trois !

Aujourd’hui 14 avril, c’est la frégate anti-sous marine Dupleix qui est attendue en Mer Noire, pour y rester jusqu’en mai.

Le ministère de la défense, qui à notre connaissance n’a encore publié aucun communiqué sur son envoi ni sur celui d’autres navires français en Mer Noire, décrit ainsi ses missions :

• Conçues à l’origine pour assurer prioritairement la défense anti-sous-marine d’un groupe aéronaval, les frégates de lutte anti-sous-marine (FASM) ont vu récemment leurs capacités d’action au-dessus de la surface fortement renforcées.

• La mise un place de senseurs optroniques, d’armes puissantes et de mise en œuvre très rapide permet désormais à la FASM, non seulement d’identifier avec certitude la menace avant de la traiter, afin d’éviter toute méprise, mais aussi de conserver la plus grande retenue possible avant l’engagement, dans le but de ne pas élever le niveau de la crise.

• Bâtiment de combat moderne et performant, la FASM constitue un outil militaire puissant, capable d’intervenir, seul ou au sein d’une force interarmées nationale ou multinationale, en tout point des mers où la France a décidé d’agir pour maintenir ou restaurer la paix.

Silence en France, bruits de bottes ailleurs

A Paris, les grandes manœuvres de la marine française, soigneusement passées sous silence par le gouvernement, sont ignorées de la presse, des médias, et par suite, de l’opinion publique ou, si l’on préfère, du peuple français.

Ce n’est le cas ni à Moscou, ni à Kiev. A Moscou, les Izvestia consacrent un édito du 14 avril à l’arrivée du Dupleix en Mer Noire. A Kiev, Vesti, dans son journal en ligne de langue russe, en fait autant. La Deutsche Welle, radio allemande à destination de l’étranger, en parle dans son édition en langue ukrainienne. Ainsi, Russes et Ukrainiens, russophones ou non, sont mieux informés que les Français de ce que fait la France.

Dans le contexte de tension actuel, chaque « geste » militaire, même s’il relève peut-être de la « gesticulation diplomatique » et n’enfreint pas la loi internationale, peut provoquer un accrochage. Un incident naval en Mer Noire pourrait fort bien survenir et dégénérer en conflit armé. Autrement dit, en guerre. On espère que ce ne sera pas le cas. Mais si cela devait être, une fois de plus les Français seraient mis devant le fait accompli.

Ils le sont d’ores et déjà du fait du silence gouvernemental et médiatique, qui entretient citoyens et parlementaires dans l’ignorance de ce que fait leur marine nationale, sous pavillon français et au nom du peuple français.

C’est ce qu’on appelle une démocratie bien tempérée.

Source : Jean-Marie Matagne, ACDN
Vu ici

Paul : si conflit il y avait, aucun navire occidental ne ressortirait de la Mer Noire...

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